48 millilitres d’oxygène par kilo et par minute : une statistique brute, une frontière invisible qui sépare l’amateur du compétiteur. Le VO2 max, indicateur ultime de l’endurance, fascine autant qu’il divise. Et si le régime cétogène, loin des dogmes glucidiques, venait bousculer les certitudes sur la performance aérobie ?
Les recherches cliniques récentes esquissent des trajectoires contradictoires : certains athlètes voient leur VO2 max grimper après quelques semaines sous régime cétogène, quand d’autres stagnent, voire régressent. Les recommandations qui dominent toujours le secteur de l’endurance continuent de miser sur une alimentation abondante en glucides. Pourtant, des protocoles d’entraînement à contre-courant misent désormais sur les lipides comme carburant principal.
Les conclusions, elles, refusent de se laisser enfermer. L’efficacité du régime cétogène sur la performance dépend de la durée d’adaptation, de l’intensité de l’effort et du profil de l’athlète. Autrement dit, la littérature scientifique ne tranche pas : la généralisation des effets de la diète cétogène sur l’endurance reste un terrain mouvant, où chaque étude nuance la précédente.
Le régime cétogène face à la performance sportive : de quoi parle-t-on vraiment ?
Le régime cétogène intrigue, suscite la controverse, et ne laisse personne indifférent. Initialement conçu pour traiter l’épilepsie, il s’est peu à peu invité sur les pistes et dans les pelotons, là où l’innovation côtoie parfois l’audace. Son principe ? Accorder la priorité aux lipides comme source d’énergie, en limitant drastiquement l’apport en glucides. L’objectif : amener l’organisme à produire des corps cétoniques, amorçant un basculement métabolique connu sous le nom de cétose. Cette approche entre en opposition directe avec le modèle glucidique classique, qui a longtemps constitué la base de la préparation des sportifs d’endurance.
Dans la pratique, adopter une alimentation cétogène bouleverse profondément le métabolisme. Les muscles apprennent à exploiter les réserves de graisse, ce qui rappelle pour certains une logique proche du régime paléolithique. Parmi les adeptes, on évoque la stabilité de la glycémie, une diminution des fringales et parfois une meilleure endurance sur des efforts longs à intensité modérée. Mais la recherche scientifique, elle, ne s’accorde pas sur l’intérêt du régime cétogène, notamment en ce qui concerne son impact sur le VO2 max.
Voici les grands principes qui structurent ce régime :
- Réduction forte de l’apport en glucides : moins de 10 % des calories quotidiennes
- Apport élevé en graisses, représentant jusqu’à 75 % de l’énergie totale
- Production de corps cétoniques servant d’alternative énergétique aux muscles et au cerveau
Ce changement ne se fait jamais sans heurts. De nombreux athlètes d’endurance constatent une baisse temporaire de leurs performances, le temps que le corps s’habitue à ce nouveau carburant. Chez d’autres, aucune amélioration notable n’est visible, et certains peinent à maintenir un haut niveau d’intensité. Le régime cétogène n’est donc ni une panacée, ni un modèle universel ; il bouscule les repères et aiguise les débats sur la performance, l’adaptabilité et les spécificités de chaque discipline sportive.
VO2 max et adaptation métabolique : quels liens scientifiques ?
Les chercheurs s’intéressent de près au VO2 max, ce paramètre clé de la consommation maximale d’oxygène qui détermine une large part de la performance aérobie. Pour les athlètes suivant un régime cétogène, il ne s’agit pas seulement de tenir la distance, mais de transformer en profondeur leur façon de produire de l’énergie. La céto-adaptation modifie les voies énergétiques recrutées à l’effort : l’oxydation des graisses s’intensifie, tandis que l’utilisation des glucides ralentit, réservant le glycogène musculaire pour les moments de forte intensité.
Après plusieurs semaines de régime, les études convergent sur un point : le corps devient plus apte à brûler les lipides, mais le VO2 max ne progresse généralement pas plus que sous un régime riche en glucides. Les efforts explosifs et courts, qui sollicitent beaucoup le glycogène, peuvent même en pâtir. À l’opposé, lors d’exercices longs à intensité modérée, les effets du régime cétogène sur l’endurance restent nuancés et très dépendants de la capacité propre de chacun à s’adapter à ce changement métabolique.
Les principaux constats issus de la littérature sont :
- Augmentation de l’oxydation des graisses pendant l’effort
- Préservation du glycogène musculaire lors d’exercices prolongés
- Variation des effets sur le VO2 max selon l’intensité et la durée de l’entraînement
La céto-adaptation s’acquiert avec patience. Il faut souvent plusieurs semaines pour observer une réelle transformation du métabolisme. L’efficacité du protocole dépend de la discipline pratiquée, du temps laissé à l’organisme pour s’adapter et des caractéristiques de chaque sportif.
Que disent les études sur l’impact du régime cétogène chez les athlètes ?
Les publications scientifiques ne se résument pas à une réponse unique quand il s’agit d’évaluer le régime cétogène sur la performance d’endurance. Les études randomisées de la dernière décennie avancent avec prudence et mettent en avant la complexité du sujet. Selon une méta-analyse de l’International Society of Sports Nutrition, la majorité des essais retiennent une adaptation métabolique nette, sans impact franc sur le VO2 max, ce fameux indicateur de la consommation maximale d’oxygène.
Certains travaux soulignent une meilleure oxydation des graisses chez les sportifs ayant adopté la diète cétogène pendant plusieurs semaines. D’autres, relayés par le Service Public d’Information en Santé, mettent en lumière des résultats diversifiés sur la performance, parfois avec une légère baisse lors d’efforts courts et puissants où le glycogène musculaire reste indispensable.
Les tendances que l’on retrouve le plus souvent sont les suivantes :
- Effet bénéfique potentiel sur l’endurance lors d’efforts longs
- Résultats variables pour les disciplines nécessitant puissance ou vitesse
- Réponses individuelles très disparates selon le profil de l’athlète
De nombreux diététiciens-nutritionnistes partagent la même observation : l’intérêt du régime cétogène se mesure au cas par cas. Le contexte, la discipline et la durée d’adaptation jouent un rôle déterminant. Les résultats d’études ne ferment aucune porte : la diète cétogène apparaît comme une option à explorer, sans promettre les mêmes effets à tout le monde.
Bénéfices, limites et perspectives pour les sportifs en quête de performance
Ceux qui défendent le régime cétogène mettent souvent en avant la baisse de la masse graisseuse et la régulation de la glycémie comme leviers d’un meilleur bien-être. Pour des athlètes d’endurance engagés dans des épreuves longues comme l’ultra-trail ou l’ultra-cyclisme, la céto-adaptation facilite l’utilisation des graisses et repousse le risque d’hypoglycémie. Le corps devient alors capable de tenir la distance en utilisant une source d’énergie alternative.
Mais les limites apparaissent dès que la discipline exige explosivité et puissance maximale. Un apport insuffisant en glucides peut freiner la capacité à maintenir un effort intense, surtout lors de phases de relance ou de sprint. Plusieurs études font aussi état de fatigue accrue et de troubles digestifs durant la période d’adaptation. Difficile alors de tirer des conclusions uniformes, tant la variabilité des réactions individuelles brouille les pistes.
Voici ce que les études et retours d’expérience mettent le plus souvent en avant :
- Possibilité d’améliorer la composition corporelle
- Perte de poids rapide dans certains cas, mais pas systématique
- Adaptation parfois longue, accompagnée d’un inconfort transitoire
L’interrogation demeure : cette stratégie nutritionnelle convient-elle à tous les sportifs ? Les perspectives s’adressent surtout à ceux qui cherchent à optimiser leur performance sur la durée, sans mettre de côté la récupération et la santé digestive. Une chose est sûre : le recours au régime cétogène doit se faire de façon personnalisée, sous l’œil d’un professionnel aguerri, pour limiter les effets secondaires et exploiter au mieux les transformations métaboliques qu’il induit.
Entre promesses de performances renouvelées et incertitudes sur l’adaptation, le régime cétogène laisse les sportifs face à un choix : miser sur l’audace métabolique ou rester fidèle aux modèles éprouvés. Rien ne dit encore qui remportera la prochaine étape.


